Aigrettes & Co.

Je n'ai pas toujours été un grand fan de l'Eurovision comme je le suis aujourd'hui. En France, l'émission est vécue comme le summum du kitsch et méprisée (sans doute au vu des résultats catastrophiques que le pays récolte) – on ne la regardait pas à la maison. Je me souviens avoir vaguement vu la victoire de Sertab Erener en 2003 à Riga (l'année de mon bac), mais plus rien après. Si, j'avais vu dans les news la victoire de Lordi en 2006, qui avait fait couler pas mal d'encre (et malheureusement, n'a pas donné de crise cardiaque à Drucker).

Ce n'est que bien plus tard que je me suis renseigné sur l'histoire de l'Eurovision, et son rôle dans la construction de l'Europe, à la façon des jumelages de communes. Et l'énorme fandom LGBTQ* ! Du coup, peu à peu… le concours ayant été très vite diffusé sur Youtube (et avant, j'écoutais avec les commentaires anglais/allemands/suédois pour ne pas subir le chauvinisme débile et les blagues à la con de France Télévisions) je suis devenu assidu, aux demi-finales, finales, et après à certaines finales nationales comme le Melodifestivalen ou le Melodi Grand Prix.

Et chaque soir d'Eurovision, chaque jingle, je ressens cette connexion à tout notre continent, ce sentiment océanique. Peu importe pour quelle raison nous regardons le concours, nous le regardons tous en même temps, connecté à la même chose, alors que tout a commencé pour connecter une Europe dévastée par la guerre. Et je trouve ça incroyablement porteur d'espoir.

J'ai réellement commencé à écouter les chansons du concours à partir de Oslo 2010, à la suite de la victoire d'Alexander Rybak à Moscou l'année d'avant (que je n'avais pas regardé, et en plus je ne supporte pas Rybak). C'est drôle, j'écoute encore beaucoup des chansons de chaque concours… Liste !

Oslo 2010

Beaucoup de bangers cette année, mais surtout parmi les non-qualifiés. J'avais beaucoup aimé la réaction de Lena, 19 ans alors, totalement candide après sa victoire : 'I have to sing again???'

Düsseldorf 2011

Complètement en désaccord avec le pays gagnant, l'Azerbaïdjan.

Peu de chansons qui m'ont marquées. Aurela Gaçe et Dino Merlin sont d'immenses stars que j'aurais bien aimé voir chanter dans leurs langues locales plutôt qu'en anglais. Lena était bien meilleure à son second passage.

Baku 2012

La télévision azérie, grosse marrade. Une débauche d'argent du pétrole (ils ont même construit le Baku Crystal Hall spécialement pour le concours, pour un total de 350 millions de dollars…) pour un staging horrible et nationaliste, et des présentateurs qui ne parlent même pas correctement anglais. Bon, heureusement, Sainte Loreen est arrivée cette année-là et a tout ramené là où le concours doit avoir naturellement lieu : en Suède, sur SVT.

Une année plein de bangers, encore. Pas tout à fait convaincu de la performance de Loreen, même si je ne suis pas du tout triste qu'elle ait gagné. Beaucoup remarqué de chanteurs et chanteuses avec des vidéos parfaites qui sont moyens sur scène, et c'est dommage.

Malmö 2013

Petra Mede = légende. SVT = toujours du grand divertissement. Bref, comme d'habitude en Suède, c'était très bien, et tellement auto-dépréciatif.

Disclaimer : j'avais bien aimé la performance suisse de Takasa, mais comme ce groupe était constitué de six soldats de l'armée du Salut, je pense qu'on peut les oublier.

Copenhague 2014

Juste un pont à traverser entre Malmö et Copenhague, et bon sang quelle année. Je n'ai jamais autant pleuré à une émission de divertissement qu'à la victoire de Conchita Wurst :

This night is dedicated to everyone who believes in a future of peace and freedom. You know who you are. We are unity, and we are unstoppable.

La victoire de la différence, des minorités LGBTQ* et de l'Europe entière, finalement, qui nous dit : « oui » – oui, l'Eurovision, c'est aussi ça. 195 millions de téléspectateurs.

Vienne 2015

Meilleure ouverture ever, pour les 60 ans de l'Eurovision. Avec l'Orchestre symphonique de la radio de Vienne, rien de moins. Vienne centre de l'Europe à nouveau l'espace d'une soirée : 197 millions de téléspectateurs.

On est passés pas loin d'une nouvelle victoire Russe… 365 points pour la Suède en finale contre 303 pour la Russie (talonnée par l'Italie avec 292 points). Ouf !

Stockholm 2016

204 millions de téléspectateurs cette année-là, sans doute grâce à l'ouverture de la diffusion live aux États-Unis. Meilleurs hôtes ever aussi avec l'indétrônable Petra Mede et le vainqueur de l'année précédente Måns Zelmerlöw, très sex-symbolisé. La capacité de la Suède à se moquer d'elle-même a toujours contribué à faire d'excellents divertissements. Et cet énorme cadeau pour les fans de l'Eurovision.

Nouveauté, un intervalle par une star sans rapport avec le concours, Justin Timberlake, mais franchement, c'était top. Fun fact : le live feed aux États-Unis s'est interrompu pendant la performance, pour une raison de droits.

Un grand moment de solitude pour l'UER qui a failli devoir organiser l'Eurovision 2017 en Australie. (511 points pour Dami Im, qui avait complètement écrasé X-Factor Australie – contre 534 points, de justesse, pour Jamala). Pourquoi on les a invités déjà ? J'imagine que la BBC aurait organisé le truc, comme lorsqu'il y a des évènements particuliers ou que le pays gagnant ne peut pas organiser pour raisons financières.

Kiev 2017

Je ne me rappelle pas de grand-chose de cette édition. Sobre et assez pauvre. L'Italie était donnée grande gagnante avec une possible victoire de la Bulgarie, et c'est finalement la chanson très douce du Portugal qui l'a emporté, avec le record du plus grand nombre de points jamais attribué en finale.

Lisbonne 2018

Ah, Lisbonne 2018 et sa poésie ! Les cartes postales de chaque artiste au Portugal étaient sublimes et émouvantes. Les présentatrices étaient drôles. Finalement pas mal de bons titres, en plus. En gros : on a passé de très bonnes soirées.

J'ai découvert le talent de Netta quand elle a gagné HaKokhav HaBa, le X-Factor israélien qui sélectionne læ artiste qui participera à l'Eurovision. Seul instrument et fond sonore : son looper. Eleni Foureira, arrivée 2e, est devenue une légende de l'Eurovision et est invitée tous les ans ou presque.

Tel-Aviv 2019

Honnêtement l'Eurovision la plus spectaculaire que j'ai regardée. Un spectacle incroyable : l'ouverture avec Netta arrivant en avion et la parade des drapeaux et encore ce cadeau pour les fans de l'Eurovision de grande qualité. Bon, par contre, très grosse erreur d'avoir invité Madonna, payée une fortune pour chanter faux. (et qui a payé une fortune en retour pour faire éditer sa performance après coup)

Eye candy : Chingiz et Sergey Lazarev qui font de la gonflette – oh le gay baiting.

La victoire de Duncan Laurence m'a été complètement indifférente, sa chanson me paraissait tellement générique. D'ailleurs dans le top 3, seule la Russie me paraissait sympa et ça m'aurait bien mis le seum de voir la Russie gagner. Du coup, l'Italie m'aurait paru un choix plus acceptable.

Rotterdam 2020

Well. C'était l'année maudite. Eurovision annulée pour cause de pandémie. Quelques chansons auraient été quand même top au concours.

Rotterdam 2021

On prend presque les mêmes et on recommence. Le point le plus intéressant de l'organisation a été la participation de Nikkie de Jager, très professionnelle. Le reste était un peu terne par rapport à d'autres éditions.

Beaucoup de chansons iconiques cette année-là !

Au début je n'appréciais pas du tout la chanson gagnante et puis à chaque écoute, elle me restait de plus en plus dans la tête. J'aurais évidemment apprécié que Barbara Pravi gagne (et libère enfin Marie Myriam, ça fait 47 ans maintenant), ou la Suisse, ou évidemment l'Ukraine ou l'Islande, mais bon. Le top 5 était excellent.

Turin 2022

Turin 2022 est la preuve que l'UER est capable de prendre des décisions politiques, puisqu'elle a exclue cette année-là la Russie en raison de son invasion de l'Ukraine, et le Belarus en raison de l'utilisation de son diffuseur principal comme un outil de propagande (jusqu'en 2024).

Petit rappel historique, le concours de l'Eurovision a pour inspiration le festival de San Remo, créé en 1951, qui existe toujours et donne le droit au gagnant ou à la gagnante de devenir læ participant·e italien·ne à l'Eurovision. Et quel meilleur choix pour présenter le concours cette année là que la légende de la chanson italienne Laura Pausini, avec le polyglotte Mika et le joli Alessandro Cattelan.

Jamais vu autant de villes candidates pour l'organisation du concours : pas moins de 17, dont seules Bologne, Milan, Pesaro, Rimini et Turin ont fait l'objet d'une délibération finale.

Quelques bangers absolus (looking at you, Chanel), mais en somme un concours assez terne et gagné d'avance par l'Ukraine avec un capital sympathie énorme après l'invasion russe : 28 pays qui leur ont donné 12 points au télévote sur 36, soit un total final de 631 points (jury+télévote) pour l'Ukraine, le deuxième, le Royaume-Uni, étant à un écart énorme de plus de 150 points, à 466 points. Zéro suspense.

Liverpool 2023

« Ui bonjour c'est l'Ukraine, on organise le concours cette année, vous inquiétez pas c'est safe, juste quelques bombes parfois. » Donc of course l'UER a décidé de le faire ailleurs, sorry l'Ukraine. Il a été décidé de passer le flambeau au pays du candidat arrivé deuxième, donc le Royaume-Uni. Nouveau record : 19 villes se sont déclarées candidates : avec Birmingham, Glasgow, Liverpool, Manchester, Newcastle et Sheffield sur une première liste, puis Glasgow et Liverpool sur une liste finale, pour finalement que le choix se porte sur Liverpool.

Excellents présentateurs, Alesha Dixon qui a l'habitude de ce format, Hannah Waddingham parfait en modératrice, Julia Sanina en token ukrainien et l'inimitable Graham Norton.

Pas vraiment surpris de la victoire de Loreen (encore ?) prédite par les bookmakers depuis des mois. Déçu que ce ne soit pas Käärijä qui l'emporte, surtout avec la différence points de jury/télévote : Loreen a reçu 340 points de jury, pour 243 télévotes, Käärijä 150 points de jury pour 376 télévotes, entrainant beaucoup de critiques sur un remaniement du système de vote (qui n'a pas eu lieu).

Malmö 2024

Mon Dieu ce bordel. Des manifestations, les Pays-Bas disqualifiés pour mauvaise conduite, des appels au boycott contre la participation d'Israël, on en passe. Jamais je n'ai vu le concours aussi proche de l'explosion à force de se retrancher derrière sa clause de “neutralité” apolitique.

Heureusement que les présentatrices ont été d'un professionnalisme absolu, même alors que le superviseur de l'Eurovision Martin Österdahl se faisait huer en live. Petra Mede est une icône de l'Eurovision et est aimée à la folie par les fans (et c'était sa troisième participation), et sa faire-valoir Malin Åkerman était agréable sans en faire trop.

Les intermèdes étaient excellents (sauf Johny Logan, qui aurait dû faire du playback). J'ai juste explosé de rire aux piques envoyées à la Finlande. Bon, les faux ABBA numériques étaient le cringe absolu et je suis assez déçu que pour les 40 ans de leur victoire, qui en plus se déroule en Suède par un heureux hasard, ils n'aient pas fait l'effort de venir en personne sur scène. (J'espère que Céline Dion viendra l'année prochaine, si sa santé est compatible.)

La représentation non-binaire assurée par l'Irlande et la Suisse a réchauffé le cœur de toute la communauté et la victoire de Nemo pour la Suisse, alors qu'il n'était donné que 3e aux pronostics à 15%, alors que la Croatie était donnée gagnante à plus de 50%, a été une surprise joyeuse.

Du coup, ce sera en Suisse en 2025, pour la troisième fois, après 1957 et 1989. J'aime bien savoir qu'Henri Dès a été le participant suisse en 1970, à la 4e place, d'ailleurs la même année que Julio Iglesias pour l'Espagne.

Je pense également que l'UER va devoir prendre des décisions au niveau de son règlement, de sa politique, etc. pour garder l'Eurovision pertinente et ne pas en faire une succursale des Nations Unies. Je ne sais pas comment vont réagir les Pays-Bas pour l'année prochaine mais je pense probable qu'ils se retirent du concours en protestation. En théorie, le Belarus pourrait revenir mais je pense que les sanctions vont rester en place. Ils vont devoir également se prononcer sur le cas d'Israël par analogie avec la Russie. Le fait que ça se passe en Suisse ne sera pas du tout anodin, et s'ils ont le culot de le faire à Genève alors là ça risque d'être vraiment en feu. (et si on me demandait mon avis, je ne comprends toujours pas ce que l'Australie fout dans le concours, à part pour dire « regardez c'est un endroit où les colons européens sont majoritaires)

J'ai fait une playlist Youtube avec tous les titres présents sur cette page (j'ai pu en oublier.)

Allez, à l'année prochaine ! Spread joy and love, peace to the world !

Quelle meilleure façon pour commencer ce carnet que de parler handicap ? Le sujet me travaillait à nouveau depuis mon récent voyage en Espagne où un petit désagrément est venu gâcher ma visite au Guggenheim de Bilbao.

Ce n'est pas la première fois que je me retrouve confronté à un regard extérieur déplaisant. Que ce soit face au handicap, à l'homosexualité, au poil, aux rondeurs, j'en passe, l'autre a toujours quelque chose à redire. Mais le handicap invisible que je porte est devenu plus lourd ces derniers temps. Au Guggenheim, les personnes handicapé·es paient le tarif pensionnés. ¹ J'imagine ne pas être le seul handi à être entré avant ce jour d'avril au musée. Une garde privée (c'est la mode dans les institutions culturelles) scanne mon billet, et je la vois regarder ce qui s'indique sur son terminal, puis me regarder d'un air torve, puis à nouveau son terminal, puis moi, de haut en bas en levant un sourcil.

Attends, meuf, j'enlève mes vêtements et je te sors mon dossier médical, tu pourras prendre une photo.

J'avais évidemment compris tout de suite. Sans me démonter, je sors ma carte « mobilité inclusion » (ce nom est à vomir, elle ne facilite ni la mobilité ni l'inclusion) avec le gros symbole en bleu, histoire de prouver ma bonne foi, et que je ne suis pas un resquilleur de bas étage particulièrement amoral. Je vois bien aussi qu'elle avait senti la grosse connerie politiquement incorrecte. Elle n'a pas voulu la regarder et est vite passée à quelqu'un d'autre.

Sans surprise, le billet gratuit de mon compagnon n'a donné lieu, lui, à aucun contrôle alors qu'il est passé avant moi.

Je commence la visite avec un sentiment de dégoût, de colère, et étrangement, l'impression d'être un imposteur, de n'avoir pas un handicap assez important et assez visible pour avoir le droit à un quelconque avantage. ² Toutes les galeries en serrant les dents.

Il y avait une exposition monumentale de l'artiste Richard Serra (mort il y a peu), qui a créé le très beau monument d'hommage aux victimes de l'Aktion T4 nazie à Berlin. J'étais déjà remué, mais au milieu des grandes structures de métal et de leur isolation provoquée, dissociation totale.

Comme je l'ai écrit en introduction, c'est loin d'être la première fois que je suis soumis au regard incrédule de l'autre. Ce n'est pas non plus la première fois que, par résonance, ce regard m'impacte dans ma croyance personnelle. C'est ironique, non, le syndrome de l'imposteur dans le handicap invisible ? Ne pas croire que nous sommes capables de paraître assez incapables. J'en ai mal à la tête.

Je crois que cet évènement si anodin, finalement, que j'aurais pu faire passer d'un revers de main et d'un rire un peu gêné, est le point d'orgue de toutes ces tracasseries de plusieurs mois de questionnaires médicaux, refus, lettres recommandées, j'en passe, pour la signature de mon prêt immobilier. Oh, je suis tout à fait conscient que de pouvoir en signer un est déjà un acquis bourgeois et un privilège que de nombreuses personnes n'ont pas. Dormez tranquille : ce ne serait jamais arrivé sans mon compagnon qui est en parfaite santé, et qui est ma garantie bancaire. Des mois à remplir des centaines de pages de données médicales (ce n'est malheureusement pas une exagération) et à détailler sa vie, ses habitudes, ses erreurs depuis l'enfance. Se replonger dans des évènements qu'on pensait avoir enfoui pour toujours. Remuer des vagues noires et visqueuses. Et pour quoi au final ?

« Nous sommes au regret de vous annoncer que nous ne pouvons pas vous accorder la couverture demandée. » « Nous vous accordons la couverture avec les restrictions X, Y, Z, avec une surprime de 300%. »

Handicap invisible quand ça arrange la société, quoi. Quelques compensations du bout des lèvres, mais on te les fait chèrement payer.

Plus tôt aujourd'hui, je lisais ce toot de @theADHDacademic@mastodon.online

Timely reminder that disabilities are fluid. A person may be symptomatic one day and fine the next. A student may not need accommodations during the semester, but the end of the term rush may make accommodations very necessary. This does NOT mean the student is faking it or taking advantage of you.

(en français : Un rappel judicieux que les handicaps sont fluides. Une personne peut présenter des symptômes un jour et aller bien le lendemain. Un étudiant peut ne pas avoir besoin d'aménagements pendant le semestre, mais le rush de fin de semestre peut les rendre indispensables. Cela ne signifie PAS que l'étudiant fait semblant ou qu'il profite de vous.)

J'y ai répondu et y ajoute que ce rappel, en effet de bon goût, vaut aussi pour nous-même, personnes handicapé·es invisibles. Si vous avez l'impression de faire semblant, si vous vous sentez coupable d'utiliser des aménagements ou des compensations (comme par exemple votre carte de priorité) les jours où vous vous sentez mieux que d'habitude : rappelez-vous que votre vie avec le handicap est un marathon. Vous aurez des symptômes un autre jour. Accordez-vous cette pause. Vous ne volez rien. Soyez indulgent avec vous-même, car la société ne le sera pas pour vous.


Notes

¹ Pourquoi ce choix ? Aucune idée. Un souci de politiquement correct probable, et d'invisibilisation, je dirais. Également, il n'est écrit nulle part sur le site que l'accompagnateur ne paie pas – mais il est impossible d'avoir son billet autrement qu'en passant par le guichet d'information. Ségrégation et complexification, processus bien connus. ² J'ai écrit avantage mais le terme est plein de validisme internalisé, en fait. Il s'agit là de compensations du handicap, rien d'autre.